Imágenes de páginas
PDF
EPUB

quòd, qu'ils ne laissent pas de mettre quelquefois, ne sert souvent de rien, et ne lie point les propositions, comme il fait dans les autres auteurs. En voici un exemple dans le premier chapitre de Saint Jean: Miserunt Judæi ab Hierosolymis Sacerdotes et Levitas ad Joannem ut interrogarent eum : Tu quis es? Et confessus est et non negavit, et confessus est: quia (Ti) non sum ego Christus. Et interrogaverunt eum : Quid ergo? Elias es tu? Et dixit: Non sum. Propheta es lu? Et respondit, non, Selon l'usage ordinaire de notre langue, on auroit rapporté indirectement ces demandes et ces réponses en cette manière. Ils envoyèrent demander à Jean qui il étoit. Et il confessa qu'il n'étoit point le Christ. Et ils lui demandèrent qui il étoit donc s'il étoit Elie. Et il dit que non. S'il étoit Prophète, et il répondit que non.

:

[ocr errors]

Cette coutume a même passé dans les auteurs profanes, qui semblent l'avoir aussi empruntée des Hébreux. Et de là vient que l'or, comme nous l'avons déja remarqué ci-dessus, chap. 9, n'a souvent parmi eux que la force d'un pronom dépouillé de son usage de liaison, lors même que les discours ne sont pas rapportés direc

tement.

CHAPITRE X VIII.

Des Verbes qu'on peut appeler Adjectifs; et de leurs différentes espèces, Actifs, Passifs,

Neutres.

NOUS avons déja dit que les hommes ayant joint en une infinité de rencontres quelque attribut particulier avec l'affirmation, en avoient fait ce grand nombre de verbes différens du substantif, qui se trouvent dans toutes les langues, et que l'on pourroit appeler adjectifs, pour montrer que la signification qui est propre à chacun, est ajoutée à la signification commune à tous les verbes, qui est celle de l'affirmation. Mais c'est une erreur commune, de croire que tous ces verbes signifient des actions ou des passions; car il n'y a rien qu'un verbe ne puisse avoir pour son attribut, s'il plaît aux hommes de joindre l'affirmation avec cet attribut. Nous voyons même que le verbe substantif sum, je suis, est souvent adjectif, parce qu'au lieu de le prendre comme signifiant simplement l'affirmation, on y joint le plus général de tous les attributs, qui est l'être; comme lorsque je dis, je pense, donc je suis, je suis signifie là sum ens, je suis un être, une chose: Existo signifie aussi sum existens, je suis, j'existe.

Cela n'empêche pas néanmoins qu'on ne puisse retenir la division commune de ces verbes en actifs, passifs et neutres.

On appelle proprement actifs, ceux qui signifient une action à laquelle est opposée une passion, comme battre, étre battu; aimer, étre aimé; soit que ces actions se terminent à un sujet, ce qu'on appelle action réelle, comme battre, rompre, tuer, noircir, etc. soit qu'elles se terminent seulement à un objet, ce qu'on appelle action intentionnelle, comme aimer, connoître, voir.

[ocr errors]

De là il est arrivé qu'en plusieurs langues les hommes se sont servis du même mot, en lui donnant diverses inflexions, pour signifier l'un et l'autre, appelant verbe actif celui qui a l'inflexion par laquelle ils ont marqué l'action, et verbe passif celui qui a l'inflexion par laquelle ils ont marqué la passion; amo, amor; verbero, verberor. C'est ce qui a été en usage dans toutes les langues anciennes, latine, grecque et orientales; et qui plus est, ces dernières donnent à un même verbe trois actifs, avec chacun leur passif, et un réciproque qui tient de l'un ou de l'autre, comme seroit s'aimer, qui signifie l'action du verbe sur le même sujet du verbe. Mais les langues vulgaires de l'Europe n'ont point de passif, et elles se servent, au lieu de cela, d'un participe fait du verbe actif, qui se prend en sens passif, avec le verbe substantif je suis; comme, je suis aimé, je suis battu, etc.

Voilà pour ce qui est des verbes actifs et passifs.

Les Neutres, que quelques Grammairiens appellent Verba intransitiva, verbes qui ne passent point au dehors, sont de deux sortes:

Les uns qui ne signifient point d'action, mais ou une qualité, comme albet, il est blanc; viret, il est vert; friget, il est froid; alget, il est transi; tepet, il est tiède; calet, il est chaud, etc.;

Ou quelque situation, sedet, il est assis; stat, il est debout; jacet, il est couché, etc.;

Ou quelque rapport au lieu, adest, il est présent; abest, il est absent, etc.;

Ou quelque autre état ou attribut, comme, quiescit, il est en repos; excellit, il excelle; præeest, il est supé rieur; regnat, il est roi, etc.

Les autres verbes neutres signifient des actions, mais qui ne passent point dans un sujet différent de celui qui agit, ou qui ne regardent point un autre objet, comme, diner, souper, marcher, parler.

Néanmoins ces dernières sortes de verbes neutres deviennent quelquefois transitifs, lorsqu'on leur donne un sujet, comme, ambulare viam, où le chemin est pris pour le sujet de cette action. Souvent aussi dans le grec, et quelquefois aussi dans le latin, on leur donne pour sujet le nom même formé du verbe, comme, pugnare pugnam, servire servitutem, vivere vitam, etc.

Mais je crois que ces dernières façons de parler ne

sont venues que de ce qu'on a voulu marquer quelque chose de particulier, qui n'étoit pas entièrement enfermé dans le verbe; comme quand on a voulu dire qu'un homme menoit une vie heureuse, ce qui n'étoit pas enfermé dans le mot vivere, on a dit vivere vitam beatam; de même servire duram servitutem, et semblables; ainsi quand on dit, vivere vitam, c'est sans doute un pleonasme, qui est venu de ces autres façons de parler. C'est pourquoi aussi dans toutes les langues nouvelles, on évite comme une faute, de joindre le nom à son vérbe, et l'on ne dit pas, par exemple, combattre un grand combat.

On peut résoudre par-là cette question; si tout verbe non passif régit toujours un accusatif, au moins sous-entendu. C'est le sentiment de quelques Grammairiens fort habiles, mais pour moi je ne le crois pas. Car, 1. les verbes qui ne signifient aucune action, mais quelque état, comme, quiescit, existit, ou quelque qualité, comme, albet, calet, n'ont point d'accusatif qu'ils puissent régir; et pour les autres, il faut regarder si l'action qu'ils signifient, a un sujet ou un objet, qui puissent être différens de celui qui agit; car alors le verbe régit le sujet, ou cet objet à l'accusatif. Mais quand l'action signifiée par le verbe n'a ni sujet, ni objet différent de celui qui agit, comme, diner, prandere; souper, cœnare, etc. alors il n'y a pas assez de raison pour dire qu'ils gouvernent l'accu satif, quoique ces Grammairiens aient cru qu'on y sous

« AnteriorContinuar »