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dinaire en grec et en hébreu, qu'en latin, quoique Cicéron s'en soit servi quelquefois.

Ainsi, ce que le participe retient du verbe, est l'attribut, et de plus, la désignation du temps, y ayant des participes du présent, du prétérit, et du futur, principalement en grec. Mais cela même ne s'observe pas toujours, un même participe se joignant souvent à toutes sortes de temps: par exemple, le participe passif amatus, qui passe chez la plupart des Grammairiens pour le prétérit, est souvent du présent et du futur, comme amatus sum, amatus ero: et au contraire, celui du présent, comme amans, est assez souvent prétérit. Apri inter se dimicant, indurantes attritu arborum costas. Plin. c'est-à-dire, postquàm induravere, et semblables. Voyez Nouv. Méth. Latine, Remarques sur les Participes.

Il y a des participes actifs, et d'autres passifs : les actifs en latin se terminent en ans et ens, amans, docens; les passifs en us, amatus, doctus, quoiqu'il y en ait quelques-uns de ceux-ci qui sont actifs; savoir, ceux des verbes déponens, comme locutus. Mais il y en a encore qui ajoutent à cette signification passive, que cela doit être, qu'il faut que cela soit, qui sont les participes en dus; amandus, qui doit étre aimé : quoique quelquefois cette dernière signification se perde presque toute.

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Ce qu'il y a de propre au participe des verbes actifs, c'est qu'il signifie l'action du verbe, comme elle est

dans le verbe, c'est-à-dire, dans le cours de l'action même; au lieu que les noms verbaux, qui signifient aussi des actions, les signifient plutôt dans l'habitude, que non pas dans l'acte. D'où vient que les participes ont le même régime que le verbe, amans Deum; au lieu que les noms verbaux n'ont le régime que des noms, amator Dei. Et le participe même rentre dans ce dernier régime des noms, lorsqu'il signifie plus l'habitude que l'acte du verbe, parce qu'alors il a la nature d'un simple nom verbal, comme amans virtutis.

CHAPITRE XX I.

Des Gérondifs et Supins.

Nous venons de voir qu'ôtant l'affirmation aux verbes on fait des participes actifs et passifs, qui sont des noms adjectifs, retenant le régime du verbe, au moins dans l'actif.

Mais il s'en fait aussi en latin deux noms substantifs; l'un en dum, appelé gérondif, qui a divers cas, dum, di, do, amandum, amandi, amando, mais qui n'a qu'un genre et un nombre; en quoi il diffère du participe en dus, amandus, amanda, amandum. Et un autre en um, appelé supin, qui a aussi deux cas, um, u, amatum, amatu, mais qui n'a point

non plus de diversité ni de genre, ni de nombré, en quoi il diffère du participe en us, amatus, amata,

amatum.

Je sais bien que les Grammairiens sont très-empêchés à expliquer la nature du gérondif, et que de trèshabiles ont cru que c'étoit un adjectif passif, qui avoit pour substantif l'infinitif du verbe; de sorte qu'ils prétendent, par exemple, que tempus est legendi libros ou librorum (car l'un et l'autre se dit) est comme s'il y avoit, tempus est legendi, r legere, libros, vel librorum, en sorte qu'il y ait deux oraisons; savoir, tempus legendi, r legere, qui est de l'adjectif et du substantif, comme s'il y avoit legendæ lectionis ; et legere libros, qui est du nom verbal qui gouverne alors le ́cas de son verbe, ou qui, comme substantif, gouverne le génitif, lorsque l'on dit librorum pour libros. Mais, tout considéré, je ne vois point que ce tour soit nécessaire.

Car 1. comme ils disent de legere, que c'est un nom verbal substantif, qui, comme tel, peut régir, ou le génitif, ou même l'accusatif, ainsi que les anciens disoient, curatio hanc rem: Quid tibi hanc tactio est? Plaut. je dis la même chose de legendum; que c'est un nom verbal substantif, aussi bien que legere, et qui par conséquent peut faire tout ce qu'ils attribuent à legere.

2. On n'a aucun fondement de dire qu'un mot est sous-entendu, lorsqu'il n'est jamais exprimé, et qu'on

ne le peut même exprimer sans que cela paroisse absurde: or, jamais on n'a vu d'infinitif joint à son gérondif, et si on disoit, legendum est legere, cela paroîtroit tout-à-fait absurde: donc, etc.

3. Si legendum gérondif étoit un adjectif passif, il ne seroit point différent du participe legendus. Pourquoi donc les anciens, qui savoient leur langue, ontils distingué les gérondifs des participes?

Je crois donc que le gérondif est un nom substantif, qu'il est toujours actif, et qu'il ne diffère de l'infinitif considéré comme nom, que parce qu'il ajoute à la signification de l'action du verbe, une autre de nécessité ou de devoir, comme qui diroit, l'action qui se doit faire. Ce qu'il semble qu'on ait voulu marquer par ce mot de gérondif, qui est pris de gerere, faire: d'où vient que pugnandum est est la même chose que pugnare oportet; et notre langue qui n'a point ce gérondif, le rend par l'infinitif et un mot qui signifie devoir, il faut combattre.

Mais comme les mots ne conservent pas toujours toute la force pour laquelle ils ont été inventés, ce gérondif en dum perd souvent celle d'oportet, et ne conserve que celle de l'action du verbe. Quis talia fando temperet à lachrymis ? c'est-à-dire, in fando ou in fari talia,

Pour ce qui est du supin, je suis d'accord avec ces mêmes Grammairiens, que c'est un nom substantif qui est passif, au lieu que le gérondif, selon mon sen

timent, est toujours actif; et ainsi on peut voir ce qui en a été dit dans la Nouvelle Méthode pour la langue latine.

CHAPITRE X X I I.

Des Verbes auxiliaires des langues vulgaires. AVANT que de finir les verbes, il semble nécessaire de dire un mot d'une chose qui, étant commune à toutes les langues vulgaires de l'Europe, mérite d'être traitée dans la Grammaire générale; et je suis bien aise aussi d'en parler pour faire voir un échantillon de la Grammaire françoise.

C'est l'usage de certains verbes, qu'on appelle Auxiliaires, parce qu'ils servent aux autres pour former divers temps, avec le participe prétérit de chaque verbe.

Il y en a deux, qui sont communs à toutes ces langues, Étre et Avoir. Quelques-unes en ont encore d'autres, comme les Allemands Werden, devenir, ou Wollen, vouloir, dont le présent, étant joint à l'infinitif de chaque verbe, en fait le futur. Mais il suffira de parler des deux principaux, étre et avoir.

ÊTRE

Pour le verbe être, nous avons dit qu'il formoit tous les passifs, avec le participe du verbe actif, qui se

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